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Laurie Belhumeur

Ça gronde

Dernière mise à jour : 19 janv.

Ça gronde. Ça gronde par en dedans. C'est un sentiment puissant qui peut pas faire autrement que d'être là. Y demande à sortir. Y demande à être exprimé. Mais ça bloque. C'est bloqué en tabarnac pis ça fait mal. Tu sais, comme quand t'avales une frite de travers pis que ça reste pogné dans l’œsophage. Tu vois le feeling? Ça fait mal aux yeux, ça donne mal au cœur. Ça donne juste le goût de crier. Le goût de hurler que ça fait mal en criss. Tu sais, quand tu sens que ça t'étouffe tellement tu refuses qu'il est là ce feeling là?


J'ai les yeux qui veulent me sortir de la tête tellement y a des larmes contenues. Mes côtes, j'ai l'impression qu'elles sont devenues une prison pour mon cœur. Ça crie, ça hurle par en-dedans. J'ai le goût de fesser sur les murs, j'ai le goût de fesser sur tout ce qui bouge. J'étouffe. J'étouffe que le criss.


Mais je peux pas exploser. Parce que si le bouchon saute, y saute pis pas à moitié. Pis tu seras pas là pour me contenir. Tu seras pas là pour me dire de fesser sur le punching ball au lieu de fesser sur le mur. Mais tabarnac que le mur de briques lisses me fait de l'œil. Tabarnac que ça me ferait du bien d'avoir les jointures en sang. De sentir de quoi. De sentir la douleur ailleurs qu'au coeur. Ailleurs qu'aux émotions. Fuck man. Fuck. Fuck. Fuck.


Fuck it. Fuck you. Fuck la douleur. Je peux juste pas handle ça.


J'ai les poings qui me serrent de plus en plus. Je pogne mes clés de char pis je hit vers le gym. Je jack le son au maximum dans le char. Je mets n'importe quoi comme toune, tant que je connais toutes les paroles pour que je puisse juste les chanter sans m'arrêter pis que je mette le cerveau à off. Que je gèle mes pensées. Que j'arrête de penser à ça, que j'arrête de penser à toi. Que je fasse la paix. Man, ça fait mal en chien.


J'arrive dans la cour du gym. J'ai juste une idée en tête pis c'est de fesser ben fort sur le premier punching ball que je vois. Y a le gars derrière le comptoir qui me dit salut. Mais je m'en sacre! On est en plein hiver.


Je prends à peine le temps d'enlever mes bottes. Je suis en pieds de bas. Je suis parti sans mes souliers.


J'enligne le fond du gym. C'est là qui sont les punching ball.


Je prends même pas le temps de me taper les poings. Je fesse sur le coussin, je fesse sans arrêt. J'ai les poings en sang, mais je m'arrête pas. Un coup de la gauche, un coup de la droite. Pis encore. Pis encore. Y a pu un son dans le gym. J'ai l'impression que tout le monde s'est figé pis qu'ils me regardent. C'est probablement le cas. Je m'en caliss. Y a du sang qui revole partout à terre pis sur les murs. Le bag est couvert de mon sang.


J'ai les yeux qui ferment. J'ai les yeux qui ouvrent. Man, j'ai des larmes qui commencent à me brouiller la vue. Ça coule pis j'ai pu le contrôle de rien. Si t'étais encore là, criss que tu te paierais ma tête. J'arrête de frapper.


Je commence à rire d'une manière incontrôlable. Je ris pis je pleure en même temps. Je repense à nos moments de complicités pis à nos moments où, quand je pognais les bleus, t'étais là pour me faire rire pis me faire oublier pourquoi j'étais fâché. Ça me fait du bien. Je sais que t'es là, près de moi, à quelque part dans l'air.


À toutes ces fois où on a ri nos vies. À tous nos moments de complicité.


Peace out, man.

Rest in peace.

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